Je Ne Me Souviens Pas Bien

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Je ne me souviens pas bien

Du parfum bleu de l'enfance

Des rêves qui habitaient les heures



Je ne me souviens pas bien

Des espoirs fous de mes quinze ans

Des pas glorieux de mes vingt ans




Ma mémoire passoire conserve ce qu'elle peut

Parfois surnagent des morceaux vagues

Des impressions de malaise ou de joie

Liés aux parfums des choses

Aux résonances d'une musique


Mais de chemin clair

De lumière vive

De joie sans failles

De douleur sans recours


Je ne me souviens pas


Est resté gravé l'effet en moi

Mais non la cause

Et lorsqu'elle est là

Soyons honnête

Elle est reconstruite

Réecrite

Remachée

Digérrée


Ma mémoire a gommé

Dessiné

Ravaudé

Sans mon accord

Les fils de ma vie


Elle n'est finalement

Que l'interrupteur

De mon présent


En aucun cas

Elle ne m'est témoin

Objectif

Ni de moi

Ni des autres


Je peux la travailler

L'entrainer

La ressasser

La chèrir


Elle n'est jamais

La vérité

De mes jours

Passés

Présents

Et à venir




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Comments

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oui, putain de mémoire... incompréhensible mémoire qui trie, vire, efface, revient, appuie, dilue, se joue de nous tout le temps. Improbable et diabolique. C'est elle qui mène la danse sans se
soucier de nous.

Au bout du compte, si un jour, une fois, on a la chance (ou la malchance) de la retrouver intacte, ne serait-ce que quelques minutes, ne serait-ce que pour se revoir, se sentir, s'éprouver quelques
minutes seulement exactement telle qu'on était alors, je sais, pour en avoir fait l'expérience douloureuse, et c'est une évidence terrifiante, mais on reste aujourd'hui, au fond, identique à ce
qu'on était. oui, au fond on reste identique. Ce qui a changé en nous c'est simplement l'image qu'on veut bien donner au monde. On a juste appris à se conduire un peu plus poliment. Mais au fond,
au tréfonds, on est identique à cet autre soi-même qu'on a pourtant parfois du mal à reconnaître.

[Patrick]

Faut bien dire que si on se rappelait de tout ce qu'on fait où dit, on s'aimerait peut-être pas beaucoup.

[vrojnik]

et dire que nous nous construisons sur des impressions, des sensations, des manques et des jalousies... la mémoire est sélective, la mémoire n'est que l'outil de l'inconscient... l'enfoiré ! bises

[Chomp']

@vous deux
Une des impressions les plus désespérantes que j'ai connues, c'est bien celle d'être exilé de mon histoire, que tout mon passé était comme le bouquin d'un autre, comme si je regardais l'intérieur
d'une de ces boules qui font de la neige sur le Mont-St Michel, et l'inconsolable certitude que le bonheur est dedans et qu'on est "dééfinitivement" dehors
...
Je me dis que de telles sensations ont a voir avec le souffle terrifiant de la vie, lorsque, nourrisson, on ne sait VRAIMENT rien d'autre que ce que le monde veut bien nous donner...

Pour être à l'aise avec la mémoire, je crois qu'il faut accepter entièrement de n'en être pas le propriétaire, juste le témoin privilégié, un accès personnel unique à une bibliothèque pas encore
brûlée, et tout ...

Bise & pogne.

[La sardine Masquée du Port]

y'a-t-il d'autre façons de vivre ?