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C'était un soir de début d'été dans les collines derrière la mer.
Une place de village en fête et l'évidence que tout commence là, dans un sourire aux yeux plissés.
Et l'immédiate pensée qu'il faut s'éloigner, ne surtout pas rester sous ce regard.
Reprendre sans plus y penser, la ronde des sourires.
Entrer en farandole, main à main, pieds légers.
Mais les yeux machinalement vadrouillent, cherchent et trouvent.
Un coin de visage, une pommette trop aiguë, un geste du corps.
L'air est d'une douceur incroyable, la placette resserrée comme un nid sous son platane.
Le temps suspendu aux échos des voix, des rires et des cris des enfants.
Rien n'est plus important, seul le souci de l'autre, l'envie de
donner, de recevoir, te maintient en éveil.
Ces discussions légères et sans fin, le coude tanqué au bar, ce désir des rires incontrôlés,
des mots sans importance.
Les enfants qui courent et se posent en oiseaux pressés, cinq minutes à reprendre souffle,
pelotonnés aux flancs d'une mère, d'un père ou d'un copain, serrés dans la chaleur des corps
rassurants.
Aux confins des lumières, la nuit venant, les silhouettes se posent entre deux danses,
complices.
Et soudain, en toi, l'absolue certitude que tu es bien vivant au milieu des vivants et que tous
dépendent de tous, qu'il n'y a ni gagnant, ni perdant.
Rien que le besoin ancien qui te fait partie d'un tout, menbre de la tribu groupée à la chaleur
des flammes quand le froid te mord.
Et tu reprends pied au monde, sens grandir en toi l'envie de vivre, la puissance du désir d'être.
Alors tu peux reprendre le cours de la danse, enfouir dans la chaleur des autres la morsure
d'un regard, le bouleversement de tout ton être.
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