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23 octobre 2008 4 23 /10 /octobre /2008 05:30
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En hommage au Gabian qui me l'a demandé, je précise AVANT le texte que celui-ci est ancien (2005).
La seule différence avec maintenant, c'est que je ne vends plus de frites au black mais de beaux gâteaux avec un cdi au smic.
Wouahou, j'm'embourgeoise !
J'attaque ma troisième année au même endroit et ça, ça ne m'était jamais arrivé avant en ...27 ans de boulot






Quand j'étais une très petite jeunette de printemps

J'ai eu une révélation.

Une vraie.

 

De celles qui te marquent pour la vie toute entière

jusqu'à ta mort et orientent le moindre de tes choix.

 

Je rentrais benoîtement de l'école, rien de spécial à l'horizon,

Pas de comète traversant  le ciel

Ni de trompettes retentissant dans les nuées.

 

Rien.

 

Mais tout à coup, entre deux pensées vagues

Une  évidence, une fulgurance,

la Vérité frappant à la porte de mon cerveau :

 

Quoi que l'on fasse, on trouve toujours moyen de vivre jusqu'à l'heure de sa mort.

 

Ca n'a l'air de rien, mais il ne faut pas oublier que je n'avais encore jamais

Entendu parler de Monsieur de la Palisse.


Les implications induites par cette révélation s'enchaînèrent dans mon esprit à la vitesse d'une réaction moléculaire :

 

Pourquoi me prendre la tête pour organiser ma vie puisque je serai vivante jusqu'à ma mort ?


C'est  ainsi que je devins la petite fille la moins obsédée de son avenir qu'il me fût donné de connaitre.

 

Pas une glandeuse, ni une roublarde, non,

Juste une inadaptée chronique incapable de s'inquieter de ses jours futurs.

 

Je ne peux pas dire que cette particularité de caractère 

A amené la paix et la sérennité à mon entourage au fil des années.

 

Non, franchement, on peut pas dire.

 

Mais elle n'a pas eu que de mauvaises conséquences.

 

Bien sûr, je n'ai pas fait les études qui auraient dû être les miennes,

Je n'ai pas fait de carrière

Et mes coups de tête n'ont que peu fait rire

Mes banquiers au cours du temps qui passait.

 

Mais, je n'ai, en contre-partie, jamais travaillé pour des cons plus de quelques semaines, je ne suis jamais resté à ma place et je n'ai que bien rarement laissé ma langue dans ma poche.


J'ai appris une vingtaine de métiers différents et suis autant capable de monter un mur de pierres à la chaux  ou de poser une toiture en ardoises taillées à l'ancienne, que d'organiser des réunions de marketing, faire l'attachée de presse ou rédiger un texte sur commande.

 

Naturellement, je sers aussi  en terrasse, fais valser les friteuses à la demande  et repasse en pressing entre deux postes de chargée de clientèle ou de truc-muche au fond d'un bureau.

 

Tout ça pour vous dire, qu'au-delà de tous les inconvénients de ma révélation, je ne regrette pas mes choix.

 

La majorité d'entre eux tout au moins.

 

Ainsi, je n'ai jamais, ou presque, gagné ma vie avec mes passions.

 

De moins en moins, en fait.

 

Plus je vieillis, plus je suis sensible à la morale et à la déontologie.

 

Et c'est pas pratique pour manger.

 

Mais c'est mieux, pour dormir.

 

Vu de l'intérieur, les milieux universitaires et enseignants, ceux de presse ou d'édition, les associatifs et les  créatifs, les gens de scènes ou de lumière, n'ont plus que leur être à te donner.

 

Et, ce n'est franchement pas toujours reluisant.

 

Je n'ai pas su faire à l'époque avec les compromissions nécessaires 


Je le regrette pour deux trois trucs,

Comme ces duchmol d'études d'histoire jamais finies qui me manquent tant aujourd'hui.

 

En toute modestie (tu parles...), ce ne sont pas les connaissances qui me manquent, mais, la peau d'âne.

 

Celle qui me permettrai de trouver une planque au smic quelques heures par jour au lieu de faire valser les friteuses au fond d'un snack avant de cavaler à l'autre bout de la ville pour trifouiller mes archives.

 

L'envie du piston et de l'emploi fictif me gagne, ça doit être un effet de l'hiver finissant, ça va passer.

 

Je le sais.

 

Et finalement, les frites, c'est pas si mal, au moins t'as la conscience nette, à défaut d'avoir les mains propres.

 

Surtout si tes frites sont chaudes et que tu n'oublies pas le sel.







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commentaires

L
@Ga(i)elle :je ne sai spas s'il y a d el'admiration, plutôt d el'incrédulité et de la difficulté à comprendre mes choix. Cela étant, je n'en fais pas gloriole, je ne suis pas sûre d'avoir eu un chemin conscien tet cohérent. C'est plus ambigu que ça...je ne savais pas à 17 ou 20 ans pourquoi je ne pouvais pas vivre comme tout le monde, ni pourquoi je ne comprenais pas les codes sociaux de base. Il a fallu plus de vingt ans et pas mal d'aléas avant que je comprenne ma propre logique, ma propre vision du monde.<br /> <br /> @fabienne : un peu les deux san sdoute, mais réellement, je travaille pour un petit artisan très respectable : son produit est bon il répond à une vraie demande et est vendu à un prix honorable, les rapports employés/direction sont clairs et légaux. J'avais besoin de cette cohérence pour pouvoir rester sans trop me contraindre.<br /> Et c'est la première fois que je ne me sens pas en porte à faux avec une position sociale quelqu'elle soit.<br /> <br /> @Céleste : t'as qu'à venir pour goûter, tu verras bien...
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C
la pécheresse me met l'eau à la bouche, je me demande bien pourquoi :-)
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F
Doit-on en conclure que là où tu travailles, ce ne sont pas des cons ou que tu t'es assagie ?
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C
"Mais, je n'ai, en contre-partie, jamais travaillé pour des cons plus de quelques semaines, je ne suis jamais resté à ma place et je n'ai que bien rarement laissé ma langue dans ma poche"<br /> <br /> bravo!<br /> bien qu'ayant une vie professionnelle complètement différente, je peux presque dire la même chose.<br /> <br /> baci
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G
Pas facile, ça, concilier vie professionnelle et conscience ! (oui désolée, je parle du sujet profond et pas des frites, vous m'en voudrez pas ?) Je pense que si ça ne réjouis pas quotidiennement tes proches, il doit quand même y avoir pas mal de gens qui t'admirent et t'envient pour ça. Tout en étant incapables de faire pareil. Je vois ça rien qu'avec les collègues du Nours qui refusent de croire qu'on peut vivre en étant à 80%. Ca serait 80% du SMIC, je serais d'accord avec eux, mais là, faut vraiment pas chercher trop loin pour vivre très bien comme ça... *oops* <br /> <br /> Allez, je vais finir mon bichon...
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