Je suis morte pour la première fois à dix-huit ans.
Il y avait bien eu un trou noir vers onze ans mais si léger et si peu décidé que je ne peux le compter au nombre de mes morts.
Si ma mère n’avait pas nommé ma mort, je ne m’en serai pas même aperçue
A vingt cinq ans, j’avais expérimenté à peu près tous les sens de la fuite jusqu’à me retrouver paumée dans les rues de Londres quand le Mur de Berlin est tombé.
Avec lui j’ai senti ma course partir en vrille, tourbillonner en derviche tourneur jusqu’à l’extase.
Il m’a fallu encore deux ans pour atteindre le fond de mon univers instable.
De là, je n’avais plus vraiment le choix, je creusais pour m’enfouir ou j’apprenais à remarcher comme d’autres apprennent à vivre.
Ou l’inverse, ce n’est pas si tranché, finalement tout est enchaînement de mouvements et d’actes bien plus que de pensées conscientes z’et constructives.
En tout cas, dans mon cas, la rééducation s’est faite par les gestes et le mimétisme.
La dernière étape, pour l’instant, m’a pris quinze ans environ, j’en sors à peine.
Depuis quelques mois, le temps et la réalité reviennent en force et je ne sais pas si j’ai assez appris pour les affronter.
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